Simplicité et cohérence, rencontre avec l'architecte Marin Polosson
Le chantier de la résidence « La Liseuse », Avenue Mathurin Moreau dans le 19ème vient de débuter. Nous en avons profité pour réaliser un entretien avec Marin Polosson, architecte du projet.
Cet ensemble de 8 logements haut de gamme, du T1 au Duplex se situe dans un quartier en plein développement, à deux pas des buttes Chaumont et du canal Saint Martin. Le projet se distingue par des prestations haut de gammes, des hauteurs sous plafonds et des volumes généreux ainsi qu’un apport de lumière exceptionnel grâce aux façades vitrées et à l’éclairage naturel présent dans toutes les pièces, cuisines et salles de bains comprises.
Petite histoire de l’agence
Après 10 ans passés en tant qu’architecte pour l’armée de terre, Marin Polosson intègre l’agence IMH d’India Madhavi et découvre l’univers de la décoration et des intérieurs hauts de gamme.
« Une belle expérience avec un grand soin apporté à la qualité des matériaux, une directrice brillante qui m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences. Au sortir des études d’architecture, on pense être capables de faire de l’architecture et de l’architecture d’intérieur. En réalité, ce n’est pas si évident : L’architecture d’intérieur et l’univers du haut de gamme sont des domaines à part »
Il officie ensuite pendant 9 ans chez « Bouchaud Architectes » en tant que chef de projet et travaille notamment sur le transfert de la Deutsche Bank à Paris; une opération de 6000 m2, 400 actifs, une salle des marchés… De ce parcours varié et atypique, Marin Polosson conserve un goût pour le détail, la qualité des matériaux, une double culture de l’architecture et de l’architecture d’intérieur, ainsi qu’une expertise dans la rénovation d’immeubles tertiaires.
En 2009, l’agence P&LS débute son activité avec une opération rue Lepic Initiée par Alios, et dont le propriétaire est Osae Partners (Partenaires d’Alios sur le projet des Grandes-Serres). Il s’agit d’un bâtiment à destination commerciale qui vient d’être livré.
L’opération Mathurin Moreau
Le projet de résidence se situe sur une parcelle de 214m2, anciennement occupée par une petite maison sur une parcelle en dent creuse entre deux immeubles importants, un immeuble Haussmannien sur la gauche et un immeuble des années 70 sur la droite.
«Pour cette opération, l’enjeu architectural était de s’intégrer à l’environnement urbain : Il a fallu trouver un tissage entre ces deux constructions très différentes tout en s’inscrivant dans un arrondissement parisien. Nous voulions également éviter de faire du « façadisme ». C’est un parti pris important de l’agence : Être conscients du lien qui doit exister entre l’enveloppe et son intérieur. On essaie de penser les deux en même temps. Cela demande d’être attentifs à toutes les échelles: L’échelle de la rue dans un premier temps, puis l’échelle de l’appartement, jusque dans les détails... On passe en fait d’une échelle urbaine à une échelle domestique.»
Pour la façade, l’agence a donc imaginé un jeu de plis en béton qui permet de créer un relief, des jeux d’ombres et de lumières et d’apporter une certaine vibration à l’ensemble. Le choix a été fait d’utiliser un béton coulé directement sur place, jouant sur l’aspect massif et sculptural. Le travail des fenêtres a également été primordial.
« Il y a beaucoup de générosité dans l’approche de ce projet. Ce travail sur les menuiseries finit de ciseler la façade en apportant de grandes ouvertures avec un module qui est une sorte de fausse répétition. On casse une forme de rigidité en apportant un petit jeu dans la trame de la façade. Cela permet d’éviter la monotonie tout en restant très tramé. »
Concernant la répartition des fonctions du logement, les espaces de nuit ont naturellement été placés au calme côté cour, et les espaces de jour côté rue, plus ensoleillé.
« Nous avons pris le parti de mettre les cuisines également côté rue pour créer un espace très qualitatif avec les mêmes fenêtres que dans le salon. On sait que la cuisine est un lieu de vie important dans la vie de famille. Il nous paraissait intéressant de les intégrer à la pièce à vivre »
« L’approche globale est finalement assez simple. À l’agence on apprécie le fameux slogan « Less is more » . On aime avoir une règle du jeu de composition qui n’est par artificielle et ancre dans le projet. La réponse architecturale aux enjeux posés est plus moderne que contemporaine préférant le tissage fin entre deux édifices voisins hétérogènes plutôt que le geste architectural ostentatoire Il y a une structure et une vraie simplicité à la fois. C’est important d’allier la modestie dans l’acte de construire à Paris associé à beaucoup de rigueur dans le système de construction. »
Et après?
« Nos futurs projets sont principalement des opérations de rénovation, notamment celle du Passage Jouffroy, toujours avec Osae Partners. Nous travaillons aussi beaucoup avec Hermès sur tout ce qui est back office. (Bureaux, zones techniques…) Une petite partie de notre activité est liée à certaines opérations de rénovation du patrimoine Versaillais, avec 3 opérations d’une grande valeur patrimoniale. Cela nous permet d’avoir une activité très variée : De la valorisation du patrimoine à l’architecture d’intérieur, en passant par la construction contemporaine. »
En parallèle de l’architecture, Marin Polosson a aussi une activité de design de produit.
« C’est comme une petite architecture. Il y a quelque chose de très satisfaisant et immédiat car tu as affaire à seulement 1 ou 2 artisans, avec une durée de projet de la première esquisse à la sortie du projet qui est extrêmement réduite à côté d’un gros projet immobilier qui peut prendre 3 ans. C’est d’ailleurs une des problématiques principales du métier d’architecte : Faire des projets qui durent dans le temps, qui ne se périment pas. Mathurin Moreau, par sa simplicité est assez intemporel. »